
Les édulcorants intenses
Définitions et présentation des travaux de l’Anses
Aspartame, extraits de stévia (glycosides de stéviol), sucralose, acésulfame K,… Les édulcorants intenses sont des additifs alimentaires utilisés pour donner une saveur sucrée aux aliments. Sous cette appellation unique, les édulcorants sont en fait des substances très diverses du point de vue chimique mais dont le point commun est de présenter un pouvoir sucrant extrêmement élevé. Découvrez ce que sont ces substances et les travaux que mène l’Anses à leur sujet.
Les édulcorants intenses sont autorisés en Europe dans l'alimentation humaine en tant qu'additifs alimentaires. Leur utilisation est réglementée par le règlement (CE) N°1333/2008 sur les additifs alimentaires qui définit les « édulcorants » comme les « substances qui servent à donner une saveur sucrée aux denrées alimentaires ou qui sont utilisées dans des édulcorants de table »
Du point de vue chimique, les « édulcorants intenses » sont des substances très diverses, d'origine végétale ou obtenues par synthèse chimique. Elles ont pour point commun de présenter un pouvoir sucrant très élevé, de plusieurs dizaines à plusieurs milliers de fois supérieur à celui du sucre de table (saccharose). Contenant très peu ou pas de calories, les édulcorants intenses sont utilisés entre autres dans l’industrie alimentaire en alternative aux sucres dans certains produits. Ces produits sont souvent utilisés en association, afin d’obtenir dans un produit alimentaire le goût souhaité..
Comment les édulcorants intenses sont-ils réglementés ?
Comme tous les additifs alimentaires, les édulcorants font l'objet d'une procédure d'autorisation harmonisée à l'échelle européenne. Avant d'être autorisés ou non par la Commission européenne, les additifs sont soumis à évaluation de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Sur cette base, la Commission établit une liste positive d'additifs autorisés indiquant les aliments dans lesquels ils peuvent être ajoutés et les doses maximales autorisées. Seuls les additifs présents sur cette liste peuvent être ajoutés dans les denrées alimentaires.
Dans le cadre de leur mise sur le marché, l'évaluation des édulcorants est la même que celle de tous les autres additifs alimentaires et repose sur l’examen des données toxicologiques disponibles. On détermine la « dose journalière admissible » (DJA) qui respecte une bonne marge de sécurité et indique la quantité d’additif alimentaire qui peut être consommée quotidiennement, tout au long de la vie, sans poser aucun problème de santé.
Une réévaluation européenne (PDF) systématique de l'ensemble des additifs autorisés a été entreprise par l'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments). Elle a débuté avec les colorants, conformément à la demande faite par la Commission Européenne et continuera avec les autres additifs alimentaires. Les évaluations des édulcorants étant les plus récentes, ces additifs seront réévalués en dernier lieu (31 décembre 2020). Toutefois, à la demande de plusieurs états membres ou Agences sanitaires nationales (dont l’Anses) et suite à la publication d’études scientifiques récentes mettant en cause l’innocuité de l’aspartame, l’EFSA a avancé la réévaluation de cet édulcorant. Son avis, publié pour consultation en janvier 2013, confirme le maintien de la dose journalière admissible de l’aspartame et l’innocuité de cette substance à ce niveau d’exposition. Cet avis a été mis en consultation auprès des parties prenantes et intéressées. L'Anses a apporté une contribution dans ce cadre.
Dans son avis publié le 10 décembre 2013, l'EFSA conclut que la dose journalière admissible (DJA) actuelle de 40 mg/kg de poids corporel par jour est protectrice pour la population générale (à l'exception des personnes souffrant de phénylcétonurie).
Le rôle de l’Anses
En 2011, de nouvelles données scientifiques portant sur d'éventuels effets sanitaires liés à l'aspartame et l'acésulfame de potassium ont été publiés. Il s’agissait notamment d’une étude réalisée chez près de 60 000 femmes enceintes, établissant une association statistique entre la consommation de boissons gazeuses contenant des édulcorants et l'augmentation du risque d'accouchements prématurés (Halldorsson, 2010).
Dans le cadre de la veille permanente qu'elle exerce, l’Anses a examiné ces travaux et a souhaité élargir ce travail. Ainsi, l'Agence a mené une évaluation des risques et bénéfices nutritionnels de l'ensemble des édulcorants intenses. Par la conduite de ce travail, elle a expertisé, pour la première fois, l’intérêt nutritionnel des édulcorants intenses pour la population générale. Ce travail pionnier ne démontre aucun bénéfice de la consommation d’édulcorants intenses sur le contrôle du poids, la glycémie chez les sujets diabétiques ou l’incidence du diabète de type 2. II ne permet pas non plus d’établir de lien entre la consommation des édulcorants et l’habituation au goût sucré, ni de lien avec des risques accrus de diabète ou de cancers.
Les recommandations de l’Agence
Dans son évaluation, l’Anses met en évidence le déficit de données pertinentes sur les bénéfices potentiels de la consommation d’édulcorants, dans le contexte d’une utilisation pourtant large et ancienne de ceux-ci dans le cadre alimentaire.
Elle souligne la nécessité de mener de nouveaux travaux de recherche tant sur les bénéfices que sur les risques nutritionnels liés à la consommation des édulcorants, et en particulier :
- chez l’enfant, des travaux relatifs au développement du goût, des préférences alimentaires et au contrôle de la prise alimentaire ;
- en population générale, des travaux relatifs au contrôle du poids.
Par ailleurs, les populations spécifiques (femmes enceintes, enfants, sujets diabétiques, consommateurs réguliers) n’ont pas fait l’objet de suffisamment de travaux. Il apparaît donc nécessaire d’étudier davantage les risques liés à la consommation d’édulcorants intenses par ces populations.
Enfin, dans un contexte de politique nutritionnelle où l’un des objectifs prioritaires est la réduction des apports en sucres dans la population générale, l’Anses estime qu’il n’existe pas d’élément probant permettant d’encourager, dans le cadre d’une politique de santé publique, la substitution des sucres par des édulcorants intenses. Cet objectif de réduction des apports en sucres doit être atteint par la réduction globale du goût sucré de l’alimentation, et ce dès le plus jeune âge. A ce titre, l’Agence recommande que les boissons édulcorées et les boissons sucrées ne se substituent pas à la consommation d’eau.